Le « choc des savoirs » promis par Emmanuel Macron et Gabriel Attal s’annonce comme un saccage de plus, une menace contre l’existence même du collège unique, ouvert à tou·tes les élèves.

On ne réduit pas l’échec scolaire en regroupant les élèves en difficulté !

L’élément central du « choc » annoncé est la création de groupes de niveau, qui entraineraient un tri social des élèves, marginaliseraient et stigmatiseraient certain·es. Cette création de groupe de niveau serait accompagnée d’une diminution des heures d’enseignement.

Pour ce « choc », le gouvernement a donc décidé de :

  • La suppression de tous les demi-groupes, pour tou·tes les élèves, en français et en mathématiques, dans tous les collèges.
  • La suppression d’une heure de soutien hebdomadaire en mathématiques et en français en 6ème, qui avait été mise en place à la rentrée 2023 en remplacement d’1h de technologie.
    Tou·tes les élèves de 6ème perdront donc définitivement 1h de cours par semaine, passant de 26h à 25h par semaine = suppression d’une semaine et demi de cours par an.

La mise en place des groupes de niveau c’est :

  • La mise en place de « classes ghettos », sans moyens supplémentaires adaptés, concentrant et stigmatisant les élèves en difficulté, les enfonçant toujours plus dans l’échec scolaire, sans perspectives.
  • La disparition des classes stables ayant un·e même enseignant·es de français et de mathématiques toute l’année au profit de groupes de niveau changeants, avec différent·es enseignant·es qui connaîtront moins bien leurs élèves.
  • Cela signifie qu’un même élève aura 3 groupes différents de camarades : les cours de maths avec un groupe d’élèves, les cours de français avec un 2e groupe et le reste des cours des autres matières avec un 3e groupe, leur classe de référence.
  • Une autre des conséquence de la constitution des groupes sera la quasi impossibilité d’organiser des sorties par classe, le nombre d’heures en classe entière étant beaucoup moins important. De même les projets de classe seront quasiment impossibles à mettre en place.
  • L’alignement de tous les cours de maths et de français sur les mêmes heures (on parle de cours « en barrette »). Cela entrainera une complexification des emplois du temps et un allongement de l’amplitude des heures de cours.
  • La suppression des cours de latin et de grec pour que les enseignant·es puissent être réaffecté·es aux « groupes de niveaux de français ».

Tout cela dans un contexte de suppression de 2200 postes d’enseignant·es en 2024 selon les annonces ministérielles de février 2024.

Une étape vers la fin du collège unique

Cette grave fragilisation du collège et des équipes pédagogiques, qui entérinerait un recul du droit de tou·tes les élèves à une même éducation émancipatrice, semble malheureusement n’être qu’une étape dans la destruction du collège. En effet, le Conseil Supérieur des Programme a récemment pris parti en faveur d’une partition du collège, entre une filière qui permettrait d’accéder au lycée général, et une filière destinée à l’apprentissage et éventuellement au lycée professionnel.

Comment les enseignants du primaire sont-ils aussi concernés ?

Ce sont les professeurs des Écoles de CM2 qui devront trier en amont leurs élèves et communiquer leurs « tas de mauvais » et leurs « tas de bons » aux collèges du secteur. Nous pouvons imaginer la pression des familles que subiront les collègues tout au long des évaluations…

Mais ce « Choc des Savoirs » va plus loin que le tri des élèves dans le 1er degré. Il concerne aussi une réforme des programmes, l’instauration de manuels labellisés, ainsi que le pilotage par les évaluations nationales.

Le SNUIPP 93 a résumé ce que signifie « le choc des Savoirs » dans le 1er degré dans ce tract à télécharger :

Comment les enseignants du lycée sont-ils aussi concernés ?

Pour les élèves de 3e, le DNB (diplôme national du brevet) devient un diplôme indispensable
pour accéder au lycée général, technologique et professionnel. Les élèves qui n’obtiennent pas le brevet ne pourront pas accéder au lycée. Ils iront dans une classe appelée « prépa-lycée » ou « prépa-seconde », laquelle ferait « transition » entre le collège et le lycée, et serait prise en charge par des enseignants du lycée sur un programme spécifique encore à déterminer. Ça serait une classe « punitive », et le DNB un couperet.

Comment lutter ?

  • Refuser de participer à la constitution des groupes de niveaux au collège en votant, signant collectivement une motion de conseils des maitres·tresses, à transmettre par voie hiérarchique et en copie aux syndicats.
  • Se mobiliser localement : réunion parents‐enseignant·es, diffusion de tracts, rassemblements et manifestations dans les quartiers, organisation « d’établissements déserts », mettre des banderoles devant les établissements, création de AG locales, création de groupes whatsapp ou signal…
  • Signer et faire signer la pétition nationale unitaire pour l’abandon de la réforme « choc des savoirs » et pour l’abandon des évaluations nationales.
  • Interpeller les politiques (maire, député, sénateur,…) pour qu’ils se positionnent et que la réforme soit l’objet d’un débat public, notamment en s’adressant aux élus du camp présidentiel du Sénat et de l’Assemblée pour que les voix contre la réforme s’expriment aussi dans le camp présidentiel.
  • Interpeller la presse afin de déconstruire l’argumentaire fallacieux des bienfaits de cette réforme

Nous expliquons tout cela dans l’audio et le tract ci-dessous :